Certains n’ont pas eu à l’imaginer. Ils l’ont vécue. Dans la moiteur d’un vestiaire du 15e arrondissement de Paris, quelques footballeurs enfilent leur maillot. Ils se charrient, se racontent leur week-end. Ils font partie des Panamboyz, un club de foot gay-friendly. Pas un mot sur leur spécificité. Ils sont là pour jouer au foot et s’amuser. Ce n’est qu’en sortant du stade que Romain*, rhabillé en tenue de ville, son sac de sport grenat sur l’épaule, se confie un peu : “Ici on est d’abord un club de foot, pas un club gay. On ne parle quasiment jamais de notre sexualité. Mais la différence, c’est qu’on sait qu’on peut le faire. On n’entend pas à longueur de journée qu’un tel est pédé parce qu’il ne sait pas jouer. Dans les vestiaires, tout le monde ne se ressemble pas, tu n’es pas obligé de trouver une femme “bonne” ou de rire aux blagues sexistes. Moi, je redoutais ces moments quand j’étais dans des clubs normaux.” Romain a changé huit fois de club ces dernières années. “Et pas seulement parce que je déménageais” ajoute-t-il sans sourire. Son enfance dans les vestiaires, il ne s’en souvient “pas vraiment”. C’est peut-être l’effet d’un réflexe de protection. Une “règle d’or”, d’après Yoann Lemaire, seul footballeur à avoir publiquement révélé son homosexualité en activité : “La carrière, c’est ça aussi : pour arriver à vivre de son boulot, il faut se fondre dans la norme, ne pas faire de bruit. Derrière il y a la pression du groupe oui, de l’entraîneur, des recruteurs, des sponsors… Un jeune footballeur homo aujourd’hui, il a peur de tout perdre… alors il ne dit rien”.
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