Communiqué des Panamboyz United
Depuis ce week-end, les propos de Serge Aurier, prononcés sur périscope samedi dernier, ont fait le tour du monde ou presque. La planète footballistique s’est émue de leurs conséquences néfastes sur le vestiaire parisien, à la veille d’un match de Ligue des Champions capital. Quant aux journalistes, ils ont relayé en boucle les mots employés par le joueur, sans jamais se demander les conséquences que ces derniers pouvaient avoir, non pas sur les futurs résultats du PSG, mais sur les jeunes footballeurs homosexuels (car oui, ces derniers existent bel et bien, et à tous les niveaux). Consternant silence.
Si on ne peut pas accuser Serge Aurier d’homophobie, ses propos sont clairement homophobes et détruisent le travail que notre club, et d’autres, font sur le terrain depuis des années. Ils banalisent le discours homophobe, la parole discriminante. C’est particulièrement inquiétant.
Ça l’est d’ailleurs d’autant plus que ni le PSG, dans son communiqué, ni Serge Aurier, lors de ses excuses sur PSG TV, n’ont semble-t-il réalisé la portée homophobe des insultes proférées : ni le club ni le joueur n’ont jugé bon de la dénoncer.
Aujourd’hui, avec cette affaire, nous voyons à quel point le sportif a pris le pas sur le volet social du football et son rôle d’éducation. À l’approche du match contre Chelsea, seules les conséquences sportives importent aux yeux des observateurs.
L idée, bien évidemment, n’est pas de fustiger Serge Aurier mais de lui faire réaliser la portée de ses paroles. Un joueur professionnel de son envergure est un modèle pour les jeunes footballeurs, qu’ils soient d’ailleurs en quête, ou pas, de professionnalisme.
Comment voulez vous permettre à de jeunes gay de s’affirmer dans la pratique de leur sport si le mot fiotte est repris à tue tête par l’ensemble du vestiaire ? Il est temps de se réveiller et d’agir !
Le mois dernier, à quelques jours du lancement de notre opération Football People destinée justement à lutter contre les discriminations dans le foot professionnel, nous sommes allés à la rencontre des jeunes footballeurs de deux centres de formation, celui de l’Olympique de Marseille et de l’Olympique Lyonnais, pour aborder la question de l’homosexualité et déconstruire certains clichés malheureusement bien ancrés dans les mentalités. Les échanges que nous avons pu avoir avec ces jeunes, pas forcément tous ouverts à la question, ont été très instructifs… et riches : à l’issue de cet atelier de sensibilisation (mené avec SOS Homophobie), tous ont accepté sans sourciller de jouer avec les lacets arc en ciel pour promouvoir la diversité dans leur sport. C’est un premier pas. Il en faudra beaucoup d’autres pour faire durablement bouger les lignes dans un milieu décidément bien hermétique.
A quand la fin de ce tabou dans le football ? Oui, messieurs les footballeurs, les mots on un sens. Et la lutte pour le respect de la diversité n’est pas un combat d’arrière garde : c’est celui du vivre ensemble.
Le Bureau des Panamboyz United
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