Contrairement à ce que nous explique aujourd’hui le président de la FFF dans Ouest France, le problème ce n’est pas qu’il y a trop d’interruption de match !
Le problème, c’est qu’il y a trop de haine, trop d’homophobie, trop de racisme, trop de sexisme dans les stades.
Le problème, c’est que la FFF n’a jamais rien fait pour essayer de prendre à bras le corps la question des discriminations en général et de l’homophobie en particulier : d’ailleurs, si la FFF le faisait vraiment, comme son président l’affirme, pourquoi les clubs professionnels feraient appel aux associations de lutte contre l’homophobie pour venir parler d’homophobie dans leur centre de formation ? C’est bien parce que la FFF n’a pas fait son travail en amont auprès des plus jeunes.
Le problème, ce n’est pas que ses chants soient proférés par quelques-uns mais qu’ils soient généralement repris en chœur par tout le stade et, surtout, qu’ils soient entendus par tous les spectateurs, qu’ils soient au stade ou devant leur télévision. Autrement dit que ces chants arrivent aux oreilles de plusieurs millions de personne chaque week-end ! Quel message envoyons-nous à notre jeunesse qui va aux stade, aux jeunes homosexuels qui découvrent leur différence, aux footballeurs professionnels homosexuels contraints de s’inventer des doubles vies et de demeurer cachés ?
Parallèlement, il faut rappeler à Monsieur Le Graët que les mots ont un sens : oser parler de prise d’otages pour des interruptions de matches de quelques minutes seulement, c’est totalement indécent. Les victimes de l’Hyper Cacher ou du Bataclan apprécieront. Si l’interruption d’un match n’a jamais tué personne, l’homophobie, elle, tue, et tous les jours. Faut-il rappeler une fois de plus que le taux de suicide chez les jeunes homosexuels est six fois supérieur au reste de la population ? Faut-il encore souligner que ces banderoles et ces chants participent à un climat d’homophobie ordinaire qui mène à une homophobie plus violente, plus virulente ? Faut-il encore préciser que si des insultes homophobes fusent dans les cours de récréation, c’est aussi parce que les enfants entendent ces mêmes mots à la télé, au stade ?
Non, M. le Graët, ce n’est pas parce qu’il y a de l’homophobie ailleurs qu’il ne faut pas faire le ménage chez soi ! Ce combat contre l’homophobie et la haine en général est courageusement menée depuis des années par des associations qui font un travail de fond. Se faire traiter de personnes qui vont faire « les beaux sur les plateaux de télévision » est juste une injure à tous nos bénévoles.
L’entretien du président de la FFF laisse à penser que la FFF donne un permis de haïr, de discriminer aux supporters. Ses propos sont irresponsables. Ce qu’il propose, ce n’est ni plus ni moins que ce que la FFF a toujours fait : rien ! Continuons de faire semblant de ne pas lire les banderoles, de ne pas entendre les chants, et mettons tout ça sous le tapis. Et non, le problème ne se réglera pas tout seul, comme par enchantement : heureusement qu’il y a des associations qui travaillent activement à trouver une solution, à proposer un dialogue aux supporters, avec le soutien réel de la LFP.
Oui, le football est effectivement un fantastique vecteur d’intégration : encore faut-il que le message qu’il porte soit positif et inclusif. Dans le cas de ces banderoles et de ces chants, il ne l’est absolument pas. On aurait apprécié que le président de la FFF réalise que les discriminations sont un vrai problème et qu’il ne peut plus être traité à la légère en faisant semblant de rien voir, de ne rien entendre et, surtout, de ne rien faire.
Communiqué des PanamBoyz & Girlz United